
Comment vous, tout honnête patron que vous êtes, pouvez-vous donc lutter contre ce fléau ? Rien de plus simple : débusquez les nuisibles puis éradiquez-les.
Comment repère-t-on un dépressif ? Encore mieux, un mélancolique (le prototype même du salarié sur la mauvaise pente) ?
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- Il n'en fiche pas une rame. Ce n'est pas parce qu'il coûte un max de tunes qu'il va se tuer à la tâche, même au fin fond du trou, même s'il vous jure jour après jour qu'il va mettre fin à ses jours. N'en croyez pas un mot, c'est du pipeau ; endormir sa bête noire (l'entreprise), c'est son dada.
- Il tire une tête de trois mètres de long et peut rester des heures sans sourire ni parler, ni même répondre au téléphone. Si vous l'observez attentivement, vous verrez qu'il décroche parfois pour raccrocher aussitôt. Et blam, comme ça, ça ne sonnera plus. Rien ne doit troubler ses méditations métaphysiques : « je suis malheureux donc je suis... ».
- Il pleurniche pour un rien ; on ne peut pas lui dire « ta gueule, fais c'que je te dis » sans qu'il se mette à chouiner, vous faisant passer pour ce que vous n'êtes pas : « un tyran grossier ».
- Il refuse les clefs que vous lui confiez pour fermer derrière vous, sous prétexte que sa psy lui a dit de ne rien accepter de son employeur qui ne soit pas strictement d'ordre pécuniaire.
- Il soupire aussi bruyamment que régulièrement, en se tenant la tête comme si elle pesait trois tonnes ; et pourtant, c'est loin d'être Einstein, hein ! Et puis, ce n'est pas le penseur de Rodin non plus, ça serait plutôt la Mélancolie de Dürer.
- Il bâille à s'en décrocher la mâchoire en pleine réunion d'utilité publique, déclenchant des vagues de grimaces incontrôlés chez ses voisins directs et indirects.
Il part tous les jours à 17h55 ; la psy, ça n'attend pas, ni lundi, ni mardi, ni mercredi, bref, vous avez compris.
Pour résumer, en quelques jours, il vous plombe tout un open space.
Asticoter un dépressif

Quelques méthodes de management éprouvées :
- l'humiliation : le coup du bonnet d'âne, ça marche toujours
- la persécution : suivez-le partout à la trace, histoire de titiller ses penchants paranoïaques
- le harcèlement : « fais-moi ci », « fais-moi ça », « arrête ça, non, ci, et fais-moi plutôt ça. », « comment t'as pu faire ça alors que tu devais faire ci ? »
- les remarques ciblées : « eh oh, y a quelqu'un ? » (en agitant la main à quelques centimètres de son appendice nasal, c'est du meilleur effet), « c'est qu'il n'a pas inventé le fil à couper le beurre celui-là ! », « non mais quel neuneu ! Quand j'vous dis qu'on n'est pas aidé !».
Quand enfin, paf, il vous claque entre les doigts et se met en arrêt maladie, vous ne savez pas si vous devez vous en réjouir (l'ambiance revient sur le plateau, on peut à nouveau s'échanger les dernières vidéos croustillantes) ou vous en désoler (« Money Money Money»).
En poussant la réflexion un chouilla plus loin, vous pouvez même sérieusement vous demander si vous ne devriez pas investir dans une grosse bougie à Sainte Rita. Dans le genre cause désespérée, on ne fait pas mieux, alors s'il pouvait se tirer une balle sans se rater (pas dans les locaux, hein, c'est dégueulasse ; chez lui, sa femme nettoiera), ça serait une preuve irréfutable de la réussite complète de sa dépression. Et puis ça serait aussi une façon élégante, de sa part, de mettre fin à sa vie de merde (enfin, au calvaire que vous vivez ; le sien, on s'en tape royal). Une petite couronne funéraire et hop, bon débarras ! Une vraie bénédiction ! Bon, malheureusement, il ne faut pas s'emballer trop vite. C'est Dominique A lui-même qui le chante : « Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça les fait vivre plus longtemps ».
Moralité : gardez les pieds sur terre ; France Télécom (oups Wanadoo, euh, Orange, bref) l'a fait, mais France Télécom, c'est France Télécom. Ils ont l'expérience qui va avec, pas vous. Alors dans un premier temps, aiguisez vos armes et surtout, surtout ne vous laissez pas contaminer par le virus du négativisme...
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